Rave Rose : faire communauté pour ne plus jamais aller seul·e en soirée

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Devin

Véritable espace communautaire qui repense le lien social du monde de la nuit, le compte Rave Rose réunit passionné·es de musique électro autour d’un objectif simple : connecter les gens avant les soirées et garantir un cadre festif bienveillant.

“J’ai personne avec qui aller en soirée techno”

Lorsque j’arrive dans le bar où nous nous sommes données rendez-vous, je ne reconnais pas immédiatement Zoé et Lyloue. Je ne sais pas à quoi je m’attendais. L’une a l’apparence d’une petite poupée tout droit sortie d’after, l’autre d’une élève modèle en pleine période de partiel. Pourtant, les deux sont à l’origine du même projet : créer une communauté de fêtard.es toulousain.es pour ne plus jamais aller seul.e en soirée techno. 

Instagram pour se rencontrer avant la teuf

Lancé le 1er avril 2024 sur Instagram, Rave Rose repose sur un concept simple : des groupes éphémères créés pour chaque soirée techno. “On voulait permettre aux gens de se rencontrer avant”, de discuter, de se rassurer, et d’aller ensemble en soirée. “ Moi, à la base, j’avais personne avec qui sortir “, confie Zoé. “ Maintenant je vais en teuf avec une vraie bande.”

Chaque groupe est supprimé après la soirée, une fois les photos partagées. Ce système limite les débordements, mais demande une gestion constante. “ On fait gaffe à qui on accepte : pas de mineur·es, pas de gens bizarres, pas de dealeurs.” Rapidement, des règles ont été imposées. “Au bout de deux mois, on a mis un système d’avertissement. On a dû réagir à des insultes, des gens irrespectueux, des comportements déplacés.”

Les échanges doivent rester centrés sur la teuf. Pas de messages hors-sujet, pas de spam, pas de “flamme Snap”. “On veut garder un vrai espace de bienveillance. Et que tout le monde s’y sente safe.”

Passerelle entre curieux de la techno et teufeurs aguerris

Rave Rose joue un rôle d’intermédiaire entre les nouveaux arrivants dans la scène et les teufeurs confirmés. “Il y a ceux qui arrivent par TikTok, qui écoutent de l’uptempo sans forcément connaître les codes. Et puis ceux qui sortent tous les week-ends, qui ont l’habitude”, explique Zoé. Le collectif agit comme un trait d’union entre ces mondes. “On explique les règles de base, on donne des repères.”

Parfois, ça coince. “Y’a des mecs qui arrivent, torse nu, qui foutent rien d’autre que flexer”(ndlr : contracter leurs muscles). Le but est clair, ils s’éduquent en communauté, sans exclure. Le mot d’ordre c’est : encourager la curiosité, pas le jugement. “Il y en a qui disaient : “J’aime pas l’uptempo”, et qui finissent par ne danser que sur ça maintenant.”

Des profils variés, des amitiés réelles, des histoires d’amour 

Le groupe Rave Rose rassemble plus de 250 personnes, dont une quarantaine d’habitué·es qui se retrouvent à chaque soirée. “Maintenant, c’est vraiment un groupe de potes”, raconte Zoé. Des liens se sont créés, “Des colocs se sont formées, des couples aussi. Des gens qui se retrouvent hors teuf”.

Les profils sont très divers : étudiant·es, coiffeur·euses, pompier, ostéos, militaires. La majorité a entre 18 et 24 ans, mais une tranche plus âgée (28-34 ans) est aussi très présente. “On n’est pas dans un entre-soi. On croise tous les milieux, toutes les histoires.”

Rave Rose, au fond, c’est bien plus qu’un simple relais logistique pour organiser ses sorties. C’est une manière de réinventer les fondations sociales de la nuit. Là où les clubs peuvent isoler, où les dancefloors deviennent parfois des lieux d’indifférence ou de sur-performance, Rave Rose repense une forme d’horizontalité essentielle. On ne vient pas seulement pour danser, mais pour rencontrer. Pour créer, ensemble, un écosystème où la fête est vécue comme un moment collectif d’énergie partagée.

Dans un monde souvent dominé par l’individualisme, où chacun consomme la fête comme un produit de plus, ces dynamiques communautaires rappellent que la musique électronique est née d’un désir commun, d’un besoin d’espaces alternatifs où les corps se libèrent enfin. 

Rave Rose n’est ni une entreprise, ni une start-up de la nuit. C’est une initiative bénévole, portée à bout de bras par deux jeunes femmes, pour d’inestimables SMS de lendemain de soirée qui diraient : “ Merci, je me suis senti·e à ma place.”

Alixe Fourcaulx

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